Michel CURE

portrait-MichelCurePeintre
Né en 1958
Travaille et vit dans l’Aveyron
Enseignant à l’Institut Supérieur des Arts de Toulouse

PRINCIPALES EXPOSITIONS
• 2021 «Corps- anticorps» Galerie L’imagerie – Toulouse
Galerie Le Confort des Etranges- Toulouse

• 2020 Galerie L’imagerie – Toulouse
Librairie Chemins d’Encre – Conques – Aveyron

• 2019 Galerie L’imagerie – Toulouse
Pôle arts & cultures- Aussillon – Tarn
Librairie Chemins d’Encre- Conques – Aveyron

• 2018 L’entracte – Nailloux – Haute-Garonne
« Arbres » – Galerie l’Acadie – Cajarc Lot
Château de La Capelle Marival – Lot
«Baigneuses» – Librairie Chemins d’Encre – Conques – Aveyron

• 2017 Musée d’Art Contemporain de Ningbo – Chine
Galerie Le Confort des Etranges – Toulouse
« Dans la forêt » – Collection du FRAC- Mediathèque Grand M – Toulouse
Peintures- Espace2 jol – Verelesarts – Castelnau de Montmiral – Tarn
« Arbres » Librairie Chemins d’encre – Conques – Aveyron
Portraits – Galerie l’Acadie – Cajarc – Lot

• 2016 « Portraits » – Galerie du Philosophe – Ariège
Librairie Chemins d’Encre – Conques – Aveyron

• 2015 Galerie Akar de Nissim – Singapour

• 2014 « Mise en regard » – Exposition de 8 artistes français et chinois – Pekin et Liaocheng-Chine
« Bleu Sulfate » (avec Konrad Loder) Le pont des arts – Marcillac – Aveyron

• 2013 Un artiste à table – Restaurant « L’allée des vignes» – Cajarc – Lot
Exposition pédagogique- Lycée Bossuet – Condom – Lot-et-Garonne

• 2012 Galerie Le Confort des Etranges – Toulouse

• 2011 X X – avec G Alvarez – Le pont des arts, Moulin du Comte – Marcillac – Aveyron

• 2010 Peintures – Le pont des arts, Moulin du Comte – Marcillac – Aveyron

• 2008 « Leçons des ténèbres » – Galerie Ste Catherine et Chapelle Paraire, Rodez
« Maisons » – Centre culturel – Rieupeyroux – Aveyron
« Peintures récentes » Galerie Le Confort des Etranges – Toulouse

• 2006-07 « Deux moi/Deux mois » Galerie Le Confort des Etranges – Toulouse

• 2005 « Double jeu » Le pont des arts, Moulin du Comte , Marcillac – Aveyron

• 2003 « Les mondes flottants » Galerie Pierre Michel D. – Paris
« Les ombres errantes» Librairie Ombres Blanches – Toulouse

• 2002 « Résonance» Château de Brousse, Aveyron
« Tempera » Centre d’Art Contemporain – Maison des Arts G.Pompidou – Cajarc (Lot)
« La couleur nue » Espace Ecureuil – Toulouse

• 1998 Centre Culturel Croix Baragnon, Toulouse
Journées Poésie de Rodez, rencontre avec Bernard Noël – Rodez

• 1997 « Les barricades mystérieuses » Château de Taurines, Aveyron- avec Konrad Loder

• 1994 Galerie Françoise Courtiade – Toulouse

• 1993 Galerie Pierre Michel D – Paris

• 1992 Musée Denys Puech, Rodez sous la direction de C. Gaich

• Galerie Françoise Courtiade, Toulouse

• 1990 Espace des Arts, Colomiers (Haute-Garonne)
Galerie Françoise Courtiade, Toulouse

• 1989 Château d’Arques (Aude) – sous la direction de M. Servet

CATALOGUES- PLAQUETTES
2018 L’entracte – Nailloux, texte de Sylvie Veyrac
2017 Peintures – Espace2 jol- Verelesarts
« Arbres » Librairie Chemins d’encre – Conques- Texte de M.H Lafon
2014 « Mise en regard » Dialogues artistiques franco-chinois – Edition Maison internationale des arts Wenxi Liaocheng-Shandong – Chine
2008 « Leçons des ténèbres » Rodez, Mission Départementale de la Culture de l’Aveyron
2002 « Résonance » Brousse le Château- Aveyron
2001 « La couleur nue » Espace Ecureuil, Toulouse (texte Jean-Louis Pradel)
1997 « Les Barricades mystérieuses » Château de Taurines (textes F. Bazzoli et B. Molinié)
1992 Musée Denys Puech (texte Catherine Gaich)
1991 Fondation du Languedoc (texte Pierre Cadars)

COMMANDES PUBLIQUES, COLLECTIONS PUBLIQUES, PRIX, BOURSES
2010 Concours 1% Collège de Roquefort les Pins – Alpes-Martimes – G. Barré architecte
2001-2002 Commande publique, Musée Fenaille, Rodez A. Philippon, conservatrice – P. Dubois, Architecte
Dans le cadre de la rénovation et de l’agrandissement du Musée Fenaille (archéologie, statues menhirs )
1998 Echanges culturels, Roumanie, séjour 15/30 septembre, Tulcea
1993 Achat du Musée Denys Puech, Rodez
Achat de la S.O.D.A.M. (Société des Amis du Musée), Rodez
1992 Achat du F.R.A.C. Midi Pyrénées – « La forêt de bouleaux »
Bourse de voyage (Italie), F.R.A.C. Midi-Pyrénées
1990 Prix de la Fondation du Languedoc
1988 Achat du Musée Denys Puech, Rodez, direction Y. Deniau
1987 Achat du F.R.A.C. Midi Pyrénées, direction J.M. Touratier
1982 Diplôme Superieur d’Expression Plastique et Grand Prix de Peinture de la ville de Toulouse

COLLOQUES
2005-2012 Art prehistorique et art contemporain – « ARPEC »
Rencontres entre prehistorien et artistes fin août dans Le Lot
Participants préhistorien : J. Clottes, N. Aujoulat (Lascaux), D. Baffier (Chauvet)…
Participants artistes : H. Cueco, J. Ber, F. Bouillon, K. Loder, M. Cure….
1988 « Biennale des Jeunes Artistes de la Méditerranée » Bologne – Italie
« Nouvelles acquisitions du F.R.A.C. » Toulouse, Réfectoire des Jacobins
« 10 / 20 / 30 », Artothèque de Caen
Galerie Françoise Courtiade, Toulouse

Janus

Je suis né sous le signe des gémeaux. De là peut-être ma double nature et mon goût pour pour les volte face. Je ne crois pas à l’astrologie, ni à Dieu, ni au Diable d’ailleurs. Mon ciel est vide. Sauf les étoiles et cet astre sombre que j’ai mis longtemps à accepter : mon père. Il m’a légué un peu de sa bi-polarité. Je crois bien que c’est plus important que les constellations qui bordaient mon berceau.

Donc ma peinture divague. Mais l’inverse m’ennuierait. Changer, se distraire. Passer d’une chose à une autre. De tempera presque minimalistes à de grandes peintures rudes et complexes, stratifiées de couches accumulées. Et un autre pas de coté ; les portraits. Des portraits qui lorgnent vers la peinture primitive, posés sur un fond uniforme, figures que j’aime un peu raides, construites, bâties même, enchâssées dans l’azur.

Il n’y a pas de temps pour la peinture. Je regarde avec les mêmes yeux Van Der Weyden, Degas, Mondrian ou Andrew Whyeth. La peinture se nourrit d’elle-même. Ce qui est important c’est de peindre. Qu’importe le motif c’est l’acte qui nous fait tenir debout. Le toucher du pinceau sur la toile, la couleur qui s’écrase, un bleu magnifique, les mille variations de la couleur de la chair. On n’y arrivera pas et c’est tant mieux. Rater, rater mieux comme disait Beckett.

La peinture est impossible, sans but, mais on ne s’en échappe pas. Chaque pas est une tentative, chaque réussite un échec. Et il faut recommencer , recommencer toujours. Chercher les blancs crémeux des drapés de Zurbaran. Tenter d’approcher l’odeur chaude des brioches de Chardin, la poussière qui grisaille les bouteilles de Morandi. La pureté linéaire et massive des figures de Piero de la Francesca. Puis envie de couleurs qui gueulent, qui giclent, dégoulinent. S’ébahir devant la puissance d’un masque. Le primitif toujours. La source de jouvence. Puis revenir à la plénitude des aplats des tempera, a cette sensualité d’une géométrie approximative et tendre.

 

Peindre ou faire l’amour

C’est du pareil au même
Mes modèles sont des femmes, toujours des femmes.

Sans désir il n’y a pas de peinture. La peinture est un acte, elle n’a rien à dire. La peinture se fait comme on fait l’amour, avec des tendresses et des brusqueries. Regarder, se regarder les yeux dans les yeux. La regarder se refléter en vous.

Dessiner demande un long apprivoisement. Au début malhabile et gêné ; elle de se dévoiler ainsi, moi d’avoir cette lourde charge de valoir cette confiance. Cette relation est un don, une des plus belles sensations qu’il m’ait été données de vivre. Il faut se détendre, oublier le but, se laisser aller au plaisir. Faire glisser l’oeil sur une joue, l’ourlet d’une bouche. Suivre le cou, descendre dans ces si doux, si attirants creux dessinés par la ligne des clavicules, caresser la ligne d’une mèche folle qui vient titiller la pointe du sein. S’enfoncer dans la blancheur du ventre.

À la fin de chaque séance c’est une délivrance et un regret. C’est à ce moment là que je peins, dans ce souvenir tiède, son gilet abandonné sur un fauteuil. Son odeur et son rire qui flotte dans l’air.

Je suis seul et libre. Son regard ; dont j’ai besoin mais qui me fait redevenir petit garçon maladroit, n’est plus là.

Le plus érotique est dans les portraits. Paradoxalement. Je n’ai pas envie de peindre de la chair crue mais de tenter de ravir un peu de l’esprit de celle qui est là, devant moi. Je repense toujours au roman de Süskind Le parfum. Quand Jean-Baptiste Grenouille, avec de subtiles techniques, tente d’extraire l’essence de cette femme qu’il aime. Son crime est un acte d’amour. La peinture est exactement cela.

Ravir, fixer de l’invisible pour repousser la perte, la déliquescence. Bataille vaine mais vitale. Peindre pour que la mort n’emporte pas tout.

Michel Cure – juin 2017

Chez Michel Cure, les jours, les mois, les années et la peinture s’écoulent paisiblement. Immuables sont la douceur des couleurs, la palette raffinée, les textures délicates, les aplats profonds et les transparences sublimes. La peinture devient caresse du temps et le temps imprègne chaque toile de sa lumière propre. L’instant du tableau est tout à sa présence. Fragment d’éternité captif d’un champ sans limites, chaque toile ouvre vers d’autres possibles.

Les séries de portraits côtoient sans rupture les grandes toiles abstraites sur châssis ; les toiles libres de plus petit format, les dessins d’après modèles. Naturellement.

Le propos n’est ni figuratif ni abstrait ou les deux à la fois, il est simplement la peinture, la sérénité faite peinture, le calme puissant et sensible de la confiance primitive. Le sourire de l’ange.

Un même visage est plusieurs fois soumis à l’exercice de la peinture, angle et lumière diffèrent de l’un à l’autre. Des formes et des couleurs existent, cohabitent, s’effacent, réapparaissent, toujours elles, jamais les mêmes, le temps encore et toujours… œuvre après œuvre, année après année, toute la peinture est là, quelle histoire ! Dire à la fois la densité du silence et sa légèreté, sans rien dire.  

Voir ces toiles, les regarder ou les respirer, peut-être les écouter, en tout cas s’accorder avec elles, se laisser faire. Tout peut arriver. Tout arrive.

La peinture de Michel Cure c’est comme s’il neigeait. Sûrement, doucement, le recouvrement, la perfection dans l’imperfection, le bruissement, l’apaisement, l’euphorie intérieure, l’émoi. Encore et encore, l’on désire cette peinture comme l’on souhaite que jamais ne cesse la neige.

 Sylvie Veyrac